Chaîne des Puys

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Chaîne des Puys
Carte de localisation de la chaîne des Puys au sein du Massif central.
Carte de localisation de la chaîne des Puys au sein du Massif central.
Géographie
Altitude 1 465 m, puy de Dôme
Massif Massif central
Longueur 45 km
Largeur 3 à 5 km
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Puy-de-Dôme
Géologie
Âge de 8 600 à 95 000 ans
Roches Roches volcaniques

La chaîne des Puys, aussi appelée monts Dôme, est un ensemble de 80 volcans s'étirant sur plus de 45 km au nord du Massif central, en France.

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

La chaîne des Puys est située dans le parc naturel régional des volcans d'Auvergne, à l'ouest de Clermont-Ferrand, dans le département du Puy-de-Dôme et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il s'agit d'un groupe de volcans alignés selon un axe orienté nord-sud, sur une bande de 3 à 5 km de large pour un peu plus de 45 km de longueur[1].

Les monts Dôme sont entourés par les régions naturelles suivantes :

Topographie[modifier | modifier le code]

Versant méridional de la chaîne des Puys depuis le puy Pariou ; de gauche à droite, le puy de Fraisse (derrière le conifère), le puy des Gouttes, le puy Chopine, le puy de Louchadière, les puys jumeaux de la Coquille et de Jume, le puy de Chaumont et le puy de la Nugère.

La chaîne des Puys, orientée nord-sud, se situe sur un horst qui domine à l'est le graben de la plaine de Limagne (rift continental). Les deux ensembles sont séparés par une faille normale de même direction. La chaîne comporte une centaine de volcans appelés puys.

Ces volcans datent de l'ère quaternaire, les premières éruptions ont eu lieu il y a 95 000 ans environ[2], les plus récentes il y a 8 600 ans, ce qui fait dire à la communauté scientifique qu'une reprise de l'activité volcanique dans cette région est possible[1]. Certains de ces puys ont des cratères, d'autres pas. La quasi-totalité des puys, à l'inverse des volcans du Cantal ou des monts Dore, sont des édifices monogéniques : la construction des volcans résulte d'une seule phase d'activité éruptive ; c'est pourquoi ces volcans sont de taille si modeste.

En effet, la hauteur absolue des puys varie généralement entre 100 et 300 m ; seul le puy de Dôme dépasse notablement cette hauteur, puisqu'il s'élève à 550 m au-dessus du socle cristallin[1]. La chaîne des puys comprend aussi des maars de hauteur encore moindre.

Géologie[modifier | modifier le code]

C'est en 1751 que Jean-Étienne Guettard (1715-1786) détermina la nature volcanique de ces monts en forme de « taupinières »[2], ce qui est tardif, car d'autres reliefs similaires situés dans des régions plus reculées du globe, avaient été reconnus depuis longtemps[3]. Jusqu'à cette date, les savants locaux les prenaient pour des résidus de gigantesques forges romaines[3],[4]. Après des contestations, Malesherbes attribua définitivement la paternité de cette découverte à Guettard. Selon ce dernier, il semblerait que les Romains, lors de la conquête de la Gaule, avaient déjà correctement identifié la nature de ces montagnes, étant originaires d'un pays où les volcans sont nombreux. Ainsi, le nom de Volvic viendrait du latin volcani vicus qui signifie « village du volcan »[2]. Cette hypothèse est toutefois fortement sujette à caution aujourd'hui.

La chaîne des Puys est une vitrine du volcanisme, plusieurs types de volcans y cohabitant :

  • le type strombolien, le plus fréquent dans la chaîne : le cône est formé par l'accumulation des scories éjectées (appelées « pouzzolane » dans la région), au sommet se forme un cratère. Des coulées de lave sont émises, formant ce que l'on appelle des « cheires ». La lave étant généralement assez fluide, ces coulées peuvent être très longues. Certaines, en barrant le lit d'une rivière, peuvent former des lacs, comme le lac d'Aydat ;
  • le type peléen se forme par l'extrusion progressive d'une lave très visqueuse, s'accumulant en forme de dôme. Le dôme peut exploser brutalement libérant des gaz : les nuées ardentes qui partent à l'horizontale à très grande vitesse, détruisant tout sur leur passage. Aucun cratère n'est visible, il n'y a pratiquement pas de coulée de lave, celle-ci étant trop visqueuse. Le puy de Dôme est le sommet le plus connu de ce type, mais il y en a plusieurs autres : le Grand-Sarcouy, le puy de Clierzou, le petit Suchet etc. ;
  • les maars qui sont des dépressions, généralement formant aujourd'hui un lac, résultant du percement du plateau sous l'effet d'une éruption phréato-magmatique : par exemple, le gour de Tazenat. Un certain nombre de maars anciens ont été totalement comblés par les sédiments, au point de ne plus être visibles dans le paysage. C'est le cas du maar de Jaude, localisé sous le centre de Clermont-Ferrand.

Si les premières éruptions datent de 95 000 ans BP (maar de Saint-Hippolyte), la grande majorité des volcans de la chaîne des Puys datent de moins de 70 000 ans BP et se concentrent surtout sur une période allant de 45 à 30 000 ans BP. Il s'agit surtout d'éruptions de trachybasalte ou de trachyandésite sur la fin de la période. Une seconde phase active, beaucoup plus récente, s'étend entre 11 et 8 500 ans BP et se manifeste par des éruptions de lave de plus en plus visqueuse et acide (trachybasalte puis trachyte). Les dernières éruptions sont particulièrement violentes (autour de 8 500 ans BP) et conduisent à l'édification du puy Chopine et du cratère Kilian. Si l'on excepte les puys de la Vache et de Lassolas (qui se sont formés encore plus tard, 7 600 ans BP, et qui sont formés de trachybasalte), on constate que les laves émises sont de plus en plus acides et peu fluides. Par conséquent, les éruptions sont potentiellement de plus en plus dangereuses surtout si le magma rencontre de l'eau en surface (éruptions phréato-magmatiques), ce qui est probable car l'eau est partout présente dans la chaîne des Puys (et aussi dans la plaine de la Limagne toute proche où toutes les éruptions se sont produites sous forme de maars, y compris à l'emplacement même de la ville de Clermont-Ferrand). La prochaine éruption dans la chaîne des Puys pourrait donc être de ce type[2], d'autant plus que sous le Grand Sarcouy subsiste une chambre magmatique de volume compris entre 6 et 15 km3[5] : n’ayant pas eu le temps de refroidir complètement depuis la dernière éruption, le magma trachytique est en partie resté liquide[6].

Panorama de la chaîne des Puys vue depuis le puy de Dôme au sud en hiver.

Liste des volcans[modifier | modifier le code]

La chaîne des Puys depuis le puy de Dôme.
La chaîne des Puys également depuis le puy de Dôme.
Vue aérienne du versant sud-est du puy de Côme,depuis le puy de Dôme.

Au centre de la chaîne des Puys, le puy de Dôme (1 465 m) domine nettement ses voisins puisqu'il s'élève à 600 m environ au-dessus du plateau (environ 800 m d'altitude) sur lequel ils sont tous situés (les autres ne dépassant pas les 300 m).

Les volcans sont du nord au sud :

Bien que situé à proximité et lui aussi sur le plateau cristallin, le puy de Berzet ne peut pas être rattaché au volcanisme de la chaîne des Puys. Il est en effet beaucoup plus ancien (environ 2,8 Ma) que le volcanisme récent (moins de 100 000 ans) de la chaîne.

Activités[modifier | modifier le code]

Exploitation de matériaux[modifier | modifier le code]

La facilité d'exploitation et d'emploi de la pouzzolane extraite des puys en font un matériau prisé depuis longtemps. Sur l'ensemble de la chaine, il y a eu au moins une centaine de carrières. Une soixantaine étaient encore en exploitation dans les années 1970[11]. Il en subsiste deux aujourd'hui, celle du puy de Ténuzet, exploitée par deux entreprises, et celle du puy de la Toupe (dans la liste des volcans ci-dessus, seules celles de taille conséquente sont citées).

Les coulées de lave émanant des Puys servent quant à elles de carrière pour la construction, depuis des millénaires. Au début de notre ère, les Romains en tirèrent les pierres pour construire le temple de Mercure au sommet du puy de Dôme. De nombreux bâtiments et édifices seront bâtis avec cette roche, notamment avec celle dite pierre de Volvic. Se sculptant particulièrement bien, elle permet la réalisation d'ouvrages détaillés, la cathédrale de Clermont-Ferrand étant un chef d'œuvre du genre. Aujourd'hui, cette roche est utilisée plus marginalement (plaque de parement dans la construction, caveau funéraire, sculpture, etc.).

Protection environnementale[modifier | modifier le code]

Logo du Parc naturel régional des Volcans d'Auvergne

La région fait partie du parc naturel régional des Volcans d'Auvergne.

Associée à la faille de Limagne, la chaîne des Puys est candidate à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. La valeur universelle revendiquée par le site de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne repose sur deux des critères définis par l'UNESCO[12] pour reconnaître la valeur universelle d'un site :

  • « critère vii : représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles » : l'alignement remarquable de plus de 80 volcans mis en piédestal par le plateau des dômes, formant une esthétique ligne de crête est mis en avant au titre de ce critère ;
  • « critère viii : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification » : site majeur de l'émergence de la volcanologie moderne, la chaîne des puys et la faille de Limagne rassemblent sur un espace très restreint les grands mécanismes de formation des continents : soulèvement puis érosion (plateau des dômes), rift continental (faille et plaine de Limagne), sédimentation (plaine de Limagne), volcanisme (chaîne des Puys et ses coulées) et inversion de reliefs (coulée inversée de la montagne de la Serre). La candidature met en avant le fait que ces phénomènes sont bien visibles dans le paysage et sont tous rassemblés sur un espace restreint, formant ainsi une sorte de maquette géologique à ciel ouvert.

Le site a été inscrit sur la liste indicative française le [13] et il a été officiellement proposé par la France à l'UNESCO en janvier 2013[14], entrant ainsi dans la phase d'évaluation internationale.

Randonnée[modifier | modifier le code]

Elle est traversée par un sentier de grande randonnée, le GR4, qui relie l'océan Atlantique à la mer Méditerranée.

Vulcania[modifier | modifier le code]

Le Centre européen du volcanisme Vulcania est une réalisation qui a été initiée dans les années 1990 puis inaugurée en 2002 par Valéry Giscard d'Estaing, à l'époque président de la région Auvergne. Le choix fut critiqué, notamment par les écologistes, pour son implantation au cœur même de la chaîne des Puys et pour son coût. Après une période difficile, qui a vu la fréquentation baisser chaque année et s'est terminée par un important plan social, le Nouveau Vulcania a été lancé en 2007, s’appuyant sur trois nouveautés. Les visites sont reparties à la hausse, Vulcania affichant une augmentation de 25 % sur sa fréquentation estivale.

Au sud-ouest de cette chaîne de volcans datant du quaternaire, on aperçoit au loin un autre massif volcanique : la chaîne des Monts Dore et les monts du Cantal qui datent, eux, de l'ère tertiaire.

La chaîne des Puys.

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Récits de voyages[modifier | modifier le code]

Pierre Legrand d'Aussy rend compte de sa visite de la région dans Voyage fait en 1787 et 1788 dans la ci-devant Haute et Basse Auvergne, publié en 1794-1795. L'auteur y livre une description du paysage, avec des considérations sur la géologie de la chaîne des Puys, et notamment sur le caractère « volcanisé » de ces montagnes. Il y développe également des observations sur la population qui habite la région, sur l'industrie, les manufactures etc.

Jacques Lacarrière consacre quelques pages à la chaîne des Puys dans Chemin faisant, mille kilomètres à pied à travers la France d’aujourd'hui, paru en 1974.

Poésie[modifier | modifier le code]

Gabriel Marc (1840-1931) publie en 1882 des Poèmes d'Auvergne, ouvrage qu'il présente dans l'Avant-propos comme une pierre nouvelle apportée à l'édifice des « poèmes des provinces » ; G. Marc a voulu faire pour l'Auvergne ce que Mistral avait fait pour la Provence et Brizeux pour la Bretagne. Le premier poème, Le Puy-de-Dôme et les volcans est un poème narratif évoquant les éruptions volcaniques qui ont donné naissance à la chaîne des Puys.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]

  1. a, b et c Maurice Krafft et François-Dominique de Larouzière, Guide des volcans d'Europe et des Canaries, Paris, , 455 p. (ISBN 2-603-00813-7), p. 58-62.
  2. a, b, c et d Alain de Goër de Herve, Volcans d'Auvergne, la menace d'une éruption ?, Editions Ouest France, (ISBN 978-2-7373-2119-1).
  3. a et b Annales scientifiques de l'Université de Clermont - Numéros 56 à 58, (lire en ligne), p. 15.
  4. « Le volcanisme, une histoire naturelle », sur auvergne.fr,‎ (consulté le 26 septembre 2016).
  5. (en) Caroline Martel, Rémi Champallier, Gaëlle Prouteau, Michel Pichavant, Laurent Arbaret, Hélène Balcone-Boissard, Georges Boudon, Pierre Boivin, Jean-Louis Bourdier & Bruno Scaillet, « Trachyte Phase Relations and Implication for Magma Storage Conditions in the Chaîne des Puys (French Massif Central) », Journal of Petrology, vol. 54, no 6,‎ , p. 1071-1107 (DOI 10.1093/petrology/egt006).
  6. (en) Lydéric Francea, Mickael Demacona, Andrey A. Gurenkoa, Danielle Briotb, « Oxygen isotopes reveal crustal contamination and a large, still partially molten magma chamber in Chaîne des Puys (French Massif Central) », Lithos,‎ (DOI 10.1016/j.lithos.2016.05.013).
  7. Puy de Paugnat sur le site de la mairie de Charbonnières-les-Varennes.
  8. Ténuzet selon la révision actuelle de la carte de l'IGN et le cadastre, Ténusset sur le site officiel de la chaine des Puys, Tunisset sur une version précédente de l'IGN, ou encore Tunizet pour un exploitant de la carrière.
  9. Visite du volcan de Lemptégy.
  10. Jugement du conseil d'état.
  11. le site officiel de la chaine des Puys.
  12. Valeur universelle de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne, consulté le 8 septembre 2012.
  13. Liste indicative de la France sur le site de l'UNESCO.
  14. L'Auvergne se félicite de la présentation de la chaîne des Puys à l'Unesco, site du Parisien, 24 janvier 2013.